LÉGION D'HONNEUR
Le 25 avril 2018 à la Ménagerie de Verre - Catherine TSEKENIS a élevé Daniel LARRIEU au grade de Chevalier de la Légion d’honneur
Éloge de Catherine TSEKENIS
Cher Daniel,
Tu m’as fait l’amitié de m’inviter à te remettre le ruban rouge qui marque la reconnaissance de la République Française à ses serviteurs les plus émérites. Je suis profondément touchée tant mon admiration pour toi est grande, et je pense que ce sentiment est partagé avec tous ceux qui t’entourent, ce soir. Nous sommes réunis pour célébrer ton parcours artistique et son apport déterminant à l’art chorégraphique, du début des années 80 à aujourd’hui, et bien sûr nous attendons la suite avec bonheur ! Il fallait un écrin pour cette cérémonie. C’est conformément à tes convictions et ton propre parcours que tu as souhaité nous réunir au sein de ce lieu symbolique qu’est la Ménagerie de Verre, cet espace qui au cours des trois dernières décennies a accompagné la danse "en train de se faire". Une danse ancrée dans son époque, exploratoire, parfois rebelle, en tout cas « Inaccoutumée ». Merci à vous, Marie-Thérèse de nous accueillir !
Daniel, tu es né il y a 60 « balais » à Marseille mais durant ta prime enfance la famille Larrieu suit ton père qui travaille dans les communications. Cette itinérance te mène du Maroc à Brazzaville mais elle s’interrompt à son décès. À 15 ans le besoin de t’éloigner de cette enfance troublée te pousse à t’inscrire au collège d’horticulture de Hyères. Tu découvres très vite que tu n’es pas fait pour le travail de la terre. Rien d’étonnant, pour le danseur que va devenir à l’élégance verticale, aérienne, et qui joue des appuis dans le sol pour mieux caresser l’air et les cieux. Tu concèdes aujourd’hui que de cette expérience tu as néanmoins acquis une capacité à conduire un projet de manière organique, à avoir une conscience systémique de son déploiement dans le temps. Ne pas hésiter à élaguer, rediriger, ordonnancer, le nourrir grâce de nouveaux apports… Une qualité capitale pour toi, qui va participer de manière active aux modalités du développement de la « Nouvelle danse française » tant d’un point de vue artistique que structurelle. Et pourtant c’est dans ce même collège, grâce aux animations du mercredi après-midi, que tu vas, toi l’enfant solitaire replié dans les méandres de ton imaginaire, découvrir, grâce à ton maître Wes Howard, cette capacité qu’offre le corps d’exprimer ton intériorité si féconde, hors des mots, de en partage avec les autres d’une manière qui t’est plus appropriée, d’exister, enfin. Tu décides de devenir danseur et ton diplôme en poche, tu montes à Paris.
Finalement, au cours de ta carrière, tu seras principalement interprète de tes propres œuvres. Car après avoir dansé pour Anne-Marie Reynaud au Four solaire et Régine Chopinot, tout bascule déjà en 1982. Depuis deux ans, tu te fonds dans la foule parfois survoltée du Gymnase Maurice Baquet. Tu conçois une pièce à concours avec Michèle Prélonge et ta complice de toujours, Pascale Houbin. Vous décrochez le 2ème Prix du concours de Bagnolet avec Chiquenaude. Une danse abstraite, faite de géométries mouvantes toute en aplats, sans musique. Ce qui t’intéresse alors, c’est de dessiner une danse étoilée, comme tu aimeras la définir, en tissant des fils entre différents points du corps, en organisant des circulations, pour chaque interprète ou de manière chorale.
Sans un sou en poche, vous avez préparé cette pièce dans le jardin du Palais Royal sans que tu saches que vous répétiez sous les fenêtres du Ministre de la culture. Voici bien un premier rapport à l’institution que tu cultiveras : sous l’ombrelle de la reconnaissance de l’État mais dans un libre arbitre que rien ne déroute. Depuis, 15 ministres se sont succédés qui vont tous accompagner avec constance, ta vie d’artiste.
Tu crées la compagnie Astrakan comme support à ton activité. Quel drôle de nom pour une compagnie ! La réalité de cette élégante fourrure est celle d’agneaux mort-nés qui la procurent. Le message est clair : il faut aller au-delà des apparences. De multiples contradictions peuvent participer d’une même réalité. À la même époque, l’interview que tu accordes à la revue Autrement, est intitulé : « l’illusion de la dérision ». Tu seras fidèle à cette distanciation qui allie humour et gravité. Tu réitères en 1992 avec Attentat poétique que tu chorégraphies pour le ballet de l’Opéra de Paris. Beaucoup de nos amis disparaissent, alors, de la pandémie du sida. Le secteur chorégraphique la subit de plein fouet. A cette agression, tu décides de riposter en faisant acte de poésie.
Commence une décennie où les créations s’enchaînent, tu es porté par une vague ascendante. Tu reprends à ton compte un concept cher à Alvin Nicolaïs : décentrer la danse vers d’autres territoires, sans hiérarchie. Depuis toujours, tu ne cesses de procéder par assemblages, déconstructions, extrapolations à partir de sources, de références, de contextes multiples. Tes sources d’inspiration sont la littérature, la peinture, le cinéma…Tu veux être – je cite – « en deçà ou au-delà du récit ». Pour Romance en stuc en 1985, tu t’inspires d’une nouvelle de Théophile Gauthier pour interroger la notion de récit et convoquer les esprits. Pour Waterproof, en 1986, tu immerges la compagnie dans la piscine d’Angers. Cette pièce devenue mythique invite les danseurs dans une matière inédite pour eux – ce qui leur nécessitera d’ailleurs un long apprentissage : l’eau. Pour On était si tranquille en 1998, tu fais jouer les chiffres et le temps en partant des numéros de téléphone des danseurs. De ces intentions, est née une danse singulière et remarquable entre toutes. Ton vaste registre gestuel te permet d’inventer de multiples syntaxes et tes polyphonies sont d’une grande richesse compositionnelle. Laurence Louppe parle « de l’art subtil de ton phrasé ». Ta danse est graphique, directionnelle, à la fois projetée et retenue dans une conscience globale du corps qui te permet de travailler les petits gestes, notamment ceux des mains. Ton credo est celui de la simplicité, ce qui permet de rendre lisible une danse pourtant si élaborée. Tu n’es pas un chorégraphe de diktats, tu crées au contraire de multiples interstices dans ton propos qui permettent au spectateur de donner libre cours aux sensations, suggestions, parfois innommables. Tu es un poète.
Tu aimes le « groupe » et tu apprécieras de chorégraphier pour de grands ballets comme celui de Francfort ou de l’Opéra de Paris, tu leurs trouves de vastes ressources. Mais surtout, tu appartiens à cette génération qui décentre la question du rapport entre les chorégraphes et leurs interprètes. La singularité de leur rapport au monde t’intéresse tout autant que leur aisance à se mouvoir. Tu peux ainsi bâtir ton œuvre dans un constant dialogue. Tu inaugures l’ère des interprètes-auteurs. La liste est longue de ceux qui « ont fait » le répertoire de Daniel Larrieu, je ne peux pas tous les citer : outre Michèle Prélonge et Pascale Houbin, Catherine Rees, Alain Buffard, Pascale Henrot, Dominique Brunet, Laurence Rondoni, Jérôme Andrieu, Mié Coquempot, Valérie Castan… C’est d’ailleurs ce besoin de faire vivre – au sens propre et figuré – la communauté qui t’entoure qui te pousse à passer un cap.
En 1994, tu deviens directeur du Centre Chorégraphique National de Tours. Selon toi, l’accès à cet outil de travail doit te permettre de porter plus loin encore l’aventure collective de la compagnie. Tu y créeras de très belles pièces : Feutre, Cenizas. Tu peux également y endosser une responsabilité qui t’est chère : aider d’autres créateurs à développer leurs démarches. Cette ouverture à d’autres écritures que la tienne te motivera, plus tard, à devenir administrateur de la SACD pour y défendre les droits d’auteurs des artistes chorégraphiques et pour stimuler les imaginaires en créant des attelages inédits d’artistes pour le Vif du sujet, programmation repérée du Festival d’Avignon. Tu te régales, tu as le temps de rencontrer le public, cette fois de manière informelle.
Il est fondamental de parler de ta relation au public car elle fonde également ta démarche. Tout d’abord en tant que chorégraphe : le but n’est pas de le heurter, tu préfères l’idée d’offrande. Tu aimerais – je cite – que tes danses aident, élèvent l’esprit. En tant que directeur d’un CCN, tu souhaites inventer un rapport au public qui te convienne, pas juste « former » des spectateurs mais que tout un chacun rentre dans la danse. Le CCN met très vite en place le festival « le choré-graphique » en complicité avec Laurent Barré. Tu t’y engages avec conviction car tu es un militant et agiras pour que la danse conquière une reconnaissance toujours plus large. Tu participes pleinement à la vie locale, tu sais que c’est fondamental pour mieux saisir les conditions d’accès à un territoire et convaincre les politiques. Tu as fait le boulot jusqu’au bout !
Et pourtant tu quittes le CCN à ta demande, en 2003, initiant un mouvement qui consiste à considérer qu’il ne faut pas confondre direction et appropriation. Tu éprouves un certain vertige à retrouver les conditions de ton indépendance pourtant souhaitée. C’est finalement le prix à payer pour entamer une nouvelle période de ton parcours créatif. Tu formes de nouveau un groupe autour de toi, cependant tu t’éloignes peu à peu du collectif. L’artiste, Daniel Larrieu opère un recentrement et tu décides d’être au plus près de tes désirs tout en faisant venir à toi les projets. Tout d’abord, tu retrouves le plaisir d’être interprète à travers des expériences inédites notamment théâtrales. C’est ainsi, entre autres, qu’en 2012 tu incarnes Divine, personnage de Jean Genet, au Théâtre de l’Athénée pendant 3 semaines sous la direction de Gloria Paris. Récemment, tu es interprète pour Thomas Lebrun. Chorégraphe, tu le demeures et tu privilégies l’amitié. Tu retrouves Pascale Houbin et Dominique Boivin pour créer En piste, qui marque les 30 ans de la compagnie Astrakan. Ta dernière pièce chorégraphique date de l’an passé : Littéral, pour 6 danseurs et 60 balais.
Mais surtout, tu construis une véritable collection d’actes artistiques en symbiose avec de nombreux artistes de « tout bord ». Tu te mets dans une posture d’accueil des expériences, ce qui témoigne, une fois encore de ce besoin d’aller toujours au-delà de soi. En témoigne cette vidéo de Christian Merlhiot qui te montre au milieu de la banquise qui s’amenuise peu à peu à cause du changement climatique. Tu es traversé d’un mouvement ample sans emphase, une caresse offerte à la Nature. Acte poético-écologiste. Libre toujours, dans un rapport au monde si intense.
Daniel, ton parcours « institutionnel » est exceptionnel et artistique extra-ordinaire. Tu as déjà reçu des distinctions prestigieuses : le Prix SACD de la chorégraphie en 2004, le Bonie Bird Award en 2008. Aujourd’hui c’est l’État qui t’honore et exprime sa reconnaissance pour agir avec force pour l’art et la culture, d’une part par tes œuvres et d’autre part pour tes actions engagées en faveur du secteur chorégraphique.
Cher Daniel, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur…
Remerciements de Daniel LARRIEU
Grand merci à Catherine TSEKENIS d’avoir accepté de « m’élever » si joliment aujourd’hui au grade de chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. C’est une très haute récompense qui m’est remise par toi, dont le parcours personnel et professionnel remarquable a croisé souvent ce lieu, – un parcours exceptionnel qui t’amène aujourd’hui à diriger la Fondation Hermès. Tu représentes un exemple de l’engagement et de la réussite qui est passé par la danse. C’est pour toutes ces raisons que je t’ai demandé de me remettre cette récompense. Merci du temps que tu as pris à la préparation et à la rédaction de ton discours.
Merci à Marie-Thérèse Allier, de nous recevoir ce soir dans votre lieu, hautement symbolique La Ménagerie de Verre où j’ai passé 35 années de répétitions et de travail. Ce lieu, unique, qui a vu défilé toutes les compagnies de danse contemporaines, ce lieu qui poursuit son histoire aujourd’hui, à la découverte de formes et d’artistes nouveaux.
Merci au bureau de la compagnie Astrakan ! On vous promet du changement dans pas longtemps ! Victoire Dubruel à la présidence, André Tissot, trésorier, merci d’être là.
Enfin, je vous remercie toutes et tous, d’avoir accepté pour des raisons multiples d’assister à cette « élévation » peu commune, vieille de deux siècles, créée par Bonaparte, dont le courrier reçu de la Chancellerie m’assure – je cite – « d’une fierté légitime à partager avec celles et ceux qui me sont chers… »
S’élever du point de vue du danseur, c’est prendre un bon élan contre la gravité.
Pour le danseur, c’est aussi prendre, avant, de bons appuis avec la gravité.
Le jeune Louis Culafroid dans Notre-Dame-des-Fleurs le sait : en voyant une photographie « la gracieuse Ketty Rufflay » je cite Jean Genet ! « Par l’allure du mot NIJINSKY, ( la montée de l’N, la descente de la boucle du J, le saut de la boucle du K et la chute de l’Y, forme graphique d’un nom qui semble vouloir dessiner l’élan avec ses retombées et rebondissements sur le plancher du sauteur qui ne sait sur quel pied se poser, il devina la légèreté de l’artiste, comme il saura un jour que Verlaine ne peut être que le nom d’un poète musicien. »
Les enfants savent combien, s’élever est un acte à la fois physique et mental qui permet un surplomb du réel. Qui n’a jamais volé la nuit ? Ce qui manque au monde, c’est bien la poésie !
Un de mes rêves favoris et d’imaginer – alors même que je vous parle – nous puissions toutes et tous, décoller du sol, très légèrement 20 cm, puis 50 cm, pas plus d’1m au dessus du sol. En décollant de nos réalités, nous pourrions nous garantir d’une élévation commune, le sourire aux lèvres.
Merci à Laurent Vinauger, de la DGCA d’avoir glissé mon nom dans la liste des possibles auprès des plus hautes instances de la République Française, merci de ta discrétion et de ton solide soutien fidèle. Je sais que c’est toi !
À Emilie Peluchon, département du Val d’Oise, merci de m’accompagner dans l’aventure d’Astrakan au pays du 95 !
Tom Novembre a dit de mon travail en 1991 agissait comme un lubrifiant culturel !
Le travail de la danse implique la convocation du groupe, du collectif !
C’est un faire ensemble qui contribue au travail reconnu ici. Cette mise en lumière, faite autour de moi, ne peut être une affaire personnelle. Implicitement le travail du chorégraphe nécessite d’établir des relations non-hiérarchisées, des circulations horizontales, des dialogues permanents, et de rester motivé par une curiosité. Un travail horticole où il existe bien une terre, des microclimats, une écologie du travail de la danse, un artisanat d’art ou chaque moment se travaille à la main corps à corps.
Partage, écoute, inspiration, respect, transmission, originalité, intégrité, intelligence, mystère, grâce, élégance, engagement, écriture, singularité, audace, et même – humour.
Il y a ce soir des personnes qui ont participé au travail depuis le début depuis 1982 jusqu’à aujourd’hui – et même, de plus jeunes interprètes, prêts pour la relève – Je voudrais citer très particulièrement :
- Laurence Rondoni, avec qui j’ai travaillé à la mutation prochaine de la compagnie,
– Dominique Brunet avec qui nous avons commencé la numérisation du travail de la compagnie !
- Anne Laurent, Agnès Coutard et Jérôme Andrieu, pour avoir été présents dans les vagues de la réussite, mais aussi dans l’expérience, si singulière et orageuse de mon parcours qui à connu, disons le, des altitudes variés. A l’instant où d’autres auraient fuient, merci de la qualité de votre travail, de votre soutient, merci de votre engagement et pour cette fidélité en partage !
- Léa Lansade, Marie Barbottin, Marion Peuta, Yan Giraldou pour les 60 balais de la dernière création LITTÉRAL. J’en profite pour remercier Camille d’Angello du CCN de Tours, d’être là. Sans ton patron, Thomas Lebrun, pas sûr que nous aurions pu réalisé cette nouvelle production.
-Et il y a celles et ceux que vous connaissez moins, Laurent Barré, Christophe Susset, Tanguy Accart, Hélène Joly, Chloé Schmidt, Camille Barnaud, Colin Pitrat, Anne Tavernier, Garance Roggero qui ont été, et sont importants, dans la réflexion et la mise en place et la réalisation des projets, par leurs gestion administratives et financières. Clin d’œil à Zoé Collart.
Et puis les artistes, qui viennent par leurs inspirations mettre de l’eau au moulin de la création : musicale, plastique, esthétique; du costume à la lumière, de la photographie à la scénographie, qui dessinent de nouveaux espaces : Daniel Cendron, Corinne Mercadier, Jérôme Marin, Gloria Paris, Didier Despin, Frank Boulanger, Karoline Rose, Marie-Christine Soma… et bien d’autres, Dominique Boivin, Pascale Houbin.
Christophe Poux et Franck Jamin, le duo technique de choc, qui gère et ce n’est pas rien tous les aspects des tournées et qui nous accompagne. Christophe, qui bat le record de la longévité, merci à toi, d’être mon directeur technique depuis 27 années.
Carole Labédan, analyste trans-générationnelle, Jean-François Buffler, ostéopathe, Olivia Roy, spécialiste Feng shui. Ces personnes, m’accompagnent et m’aident à conserver une lumière intérieure, qui brille paisiblement ! Ces personnes magnifiques, alimentent mes petites lampes à huile, spirituelle, physique et mentale, pour que les événements de ma vie soient articulés et traversés joyeusement.
Les amies : Lauren Boyer, Leslie Perrin, François Maurisse, Clara Le Picard, Jean Marc Martinez, Stéphanie Aubin, amies de la SACD, Valérie Anne Expert, Clémence Bouzitat…
Message personnel :
Merci à la vie de nous avoir fait nous rencontrer, cher Benjamin, merci pour ta patience, ta générosité et aussi ton goût et ton talent. Merci à ta famille pour l’accueil qui m’est réservé : Monique Favrat, Alexandra Favrat d’avoir mis des ailes, pour venir à Paris, votre geste me touche infiniment. J’en profite pour accueillir tes ami’e’s: Jean-Benoit, Morgane…
Une pensée pour ma Tante Nicole Larrieu, parmi nous ce soir, qui a eue la bonne idée de nous offrir le 33 tours de Boris Vian en 1970. J’ai appris d’elle que la vie pouvait être différente !
A mes sœurs qui sont loin, mais proches en pensées ! Il me reste à remercier mes parents, une pensée pour eux !
Voilà de quoi rappeler que cette élévation est bien personnelle mais aussi collective, symboliquement attribuée, elle se partagera avec vous qui m’êtes chers.
Pour conclure
Pierre Debauches, Le grand écart ou 51 nouvelles pour la joie de vivre (RIP)
C’est un monsieur qui tombe dans un gouffre.
Il se raccroche à une petite branche fragile qui sort du rocher.
Il s’écrie : « Y a quelqu’un ? »
Aussitôt une voix de Baryton basse lui répond.
« Oui, je suis là je suis la voix de ta conscience, laisse-toi tomber.
Tu verras comme tu seras bien, je t’attends depuis si longtemps. Laisse-toi aller.
Renonce à cette petite branche dérisoire et rejoins-moi, Viens !
Et lui de dire :« Il y a quelqu’un d’autre ? »
Merci, je vous invite à partager une coupe de champagne, les bulles de l’élévation.
Éloge de Catherine TSEKENIS
Cher Daniel,
Tu m’as fait l’amitié de m’inviter à te remettre le ruban rouge qui marque la reconnaissance de la République Française à ses serviteurs les plus émérites. Je suis profondément touchée tant mon admiration pour toi est grande, et je pense que ce sentiment est partagé avec tous ceux qui t’entourent, ce soir. Nous sommes réunis pour célébrer ton parcours artistique et son apport déterminant à l’art chorégraphique, du début des années 80 à aujourd’hui, et bien sûr nous attendons la suite avec bonheur ! Il fallait un écrin pour cette cérémonie. C’est conformément à tes convictions et ton propre parcours que tu as souhaité nous réunir au sein de ce lieu symbolique qu’est la Ménagerie de Verre, cet espace qui au cours des trois dernières décennies a accompagné la danse "en train de se faire". Une danse ancrée dans son époque, exploratoire, parfois rebelle, en tout cas « Inaccoutumée ». Merci à vous, Marie-Thérèse de nous accueillir !
Daniel, tu es né il y a 60 « balais » à Marseille mais durant ta prime enfance la famille Larrieu suit ton père qui travaille dans les communications. Cette itinérance te mène du Maroc à Brazzaville mais elle s’interrompt à son décès. À 15 ans le besoin de t’éloigner de cette enfance troublée te pousse à t’inscrire au collège d’horticulture de Hyères. Tu découvres très vite que tu n’es pas fait pour le travail de la terre. Rien d’étonnant, pour le danseur que va devenir à l’élégance verticale, aérienne, et qui joue des appuis dans le sol pour mieux caresser l’air et les cieux. Tu concèdes aujourd’hui que de cette expérience tu as néanmoins acquis une capacité à conduire un projet de manière organique, à avoir une conscience systémique de son déploiement dans le temps. Ne pas hésiter à élaguer, rediriger, ordonnancer, le nourrir grâce de nouveaux apports… Une qualité capitale pour toi, qui va participer de manière active aux modalités du développement de la « Nouvelle danse française » tant d’un point de vue artistique que structurelle. Et pourtant c’est dans ce même collège, grâce aux animations du mercredi après-midi, que tu vas, toi l’enfant solitaire replié dans les méandres de ton imaginaire, découvrir, grâce à ton maître Wes Howard, cette capacité qu’offre le corps d’exprimer ton intériorité si féconde, hors des mots, de en partage avec les autres d’une manière qui t’est plus appropriée, d’exister, enfin. Tu décides de devenir danseur et ton diplôme en poche, tu montes à Paris.
Finalement, au cours de ta carrière, tu seras principalement interprète de tes propres œuvres. Car après avoir dansé pour Anne-Marie Reynaud au Four solaire et Régine Chopinot, tout bascule déjà en 1982. Depuis deux ans, tu te fonds dans la foule parfois survoltée du Gymnase Maurice Baquet. Tu conçois une pièce à concours avec Michèle Prélonge et ta complice de toujours, Pascale Houbin. Vous décrochez le 2ème Prix du concours de Bagnolet avec Chiquenaude. Une danse abstraite, faite de géométries mouvantes toute en aplats, sans musique. Ce qui t’intéresse alors, c’est de dessiner une danse étoilée, comme tu aimeras la définir, en tissant des fils entre différents points du corps, en organisant des circulations, pour chaque interprète ou de manière chorale.
Sans un sou en poche, vous avez préparé cette pièce dans le jardin du Palais Royal sans que tu saches que vous répétiez sous les fenêtres du Ministre de la culture. Voici bien un premier rapport à l’institution que tu cultiveras : sous l’ombrelle de la reconnaissance de l’État mais dans un libre arbitre que rien ne déroute. Depuis, 15 ministres se sont succédés qui vont tous accompagner avec constance, ta vie d’artiste.
Tu crées la compagnie Astrakan comme support à ton activité. Quel drôle de nom pour une compagnie ! La réalité de cette élégante fourrure est celle d’agneaux mort-nés qui la procurent. Le message est clair : il faut aller au-delà des apparences. De multiples contradictions peuvent participer d’une même réalité. À la même époque, l’interview que tu accordes à la revue Autrement, est intitulé : « l’illusion de la dérision ». Tu seras fidèle à cette distanciation qui allie humour et gravité. Tu réitères en 1992 avec Attentat poétique que tu chorégraphies pour le ballet de l’Opéra de Paris. Beaucoup de nos amis disparaissent, alors, de la pandémie du sida. Le secteur chorégraphique la subit de plein fouet. A cette agression, tu décides de riposter en faisant acte de poésie.
Commence une décennie où les créations s’enchaînent, tu es porté par une vague ascendante. Tu reprends à ton compte un concept cher à Alvin Nicolaïs : décentrer la danse vers d’autres territoires, sans hiérarchie. Depuis toujours, tu ne cesses de procéder par assemblages, déconstructions, extrapolations à partir de sources, de références, de contextes multiples. Tes sources d’inspiration sont la littérature, la peinture, le cinéma…Tu veux être – je cite – « en deçà ou au-delà du récit ». Pour Romance en stuc en 1985, tu t’inspires d’une nouvelle de Théophile Gauthier pour interroger la notion de récit et convoquer les esprits. Pour Waterproof, en 1986, tu immerges la compagnie dans la piscine d’Angers. Cette pièce devenue mythique invite les danseurs dans une matière inédite pour eux – ce qui leur nécessitera d’ailleurs un long apprentissage : l’eau. Pour On était si tranquille en 1998, tu fais jouer les chiffres et le temps en partant des numéros de téléphone des danseurs. De ces intentions, est née une danse singulière et remarquable entre toutes. Ton vaste registre gestuel te permet d’inventer de multiples syntaxes et tes polyphonies sont d’une grande richesse compositionnelle. Laurence Louppe parle « de l’art subtil de ton phrasé ». Ta danse est graphique, directionnelle, à la fois projetée et retenue dans une conscience globale du corps qui te permet de travailler les petits gestes, notamment ceux des mains. Ton credo est celui de la simplicité, ce qui permet de rendre lisible une danse pourtant si élaborée. Tu n’es pas un chorégraphe de diktats, tu crées au contraire de multiples interstices dans ton propos qui permettent au spectateur de donner libre cours aux sensations, suggestions, parfois innommables. Tu es un poète.
Tu aimes le « groupe » et tu apprécieras de chorégraphier pour de grands ballets comme celui de Francfort ou de l’Opéra de Paris, tu leurs trouves de vastes ressources. Mais surtout, tu appartiens à cette génération qui décentre la question du rapport entre les chorégraphes et leurs interprètes. La singularité de leur rapport au monde t’intéresse tout autant que leur aisance à se mouvoir. Tu peux ainsi bâtir ton œuvre dans un constant dialogue. Tu inaugures l’ère des interprètes-auteurs. La liste est longue de ceux qui « ont fait » le répertoire de Daniel Larrieu, je ne peux pas tous les citer : outre Michèle Prélonge et Pascale Houbin, Catherine Rees, Alain Buffard, Pascale Henrot, Dominique Brunet, Laurence Rondoni, Jérôme Andrieu, Mié Coquempot, Valérie Castan… C’est d’ailleurs ce besoin de faire vivre – au sens propre et figuré – la communauté qui t’entoure qui te pousse à passer un cap.
En 1994, tu deviens directeur du Centre Chorégraphique National de Tours. Selon toi, l’accès à cet outil de travail doit te permettre de porter plus loin encore l’aventure collective de la compagnie. Tu y créeras de très belles pièces : Feutre, Cenizas. Tu peux également y endosser une responsabilité qui t’est chère : aider d’autres créateurs à développer leurs démarches. Cette ouverture à d’autres écritures que la tienne te motivera, plus tard, à devenir administrateur de la SACD pour y défendre les droits d’auteurs des artistes chorégraphiques et pour stimuler les imaginaires en créant des attelages inédits d’artistes pour le Vif du sujet, programmation repérée du Festival d’Avignon. Tu te régales, tu as le temps de rencontrer le public, cette fois de manière informelle.
Il est fondamental de parler de ta relation au public car elle fonde également ta démarche. Tout d’abord en tant que chorégraphe : le but n’est pas de le heurter, tu préfères l’idée d’offrande. Tu aimerais – je cite – que tes danses aident, élèvent l’esprit. En tant que directeur d’un CCN, tu souhaites inventer un rapport au public qui te convienne, pas juste « former » des spectateurs mais que tout un chacun rentre dans la danse. Le CCN met très vite en place le festival « le choré-graphique » en complicité avec Laurent Barré. Tu t’y engages avec conviction car tu es un militant et agiras pour que la danse conquière une reconnaissance toujours plus large. Tu participes pleinement à la vie locale, tu sais que c’est fondamental pour mieux saisir les conditions d’accès à un territoire et convaincre les politiques. Tu as fait le boulot jusqu’au bout !
Et pourtant tu quittes le CCN à ta demande, en 2003, initiant un mouvement qui consiste à considérer qu’il ne faut pas confondre direction et appropriation. Tu éprouves un certain vertige à retrouver les conditions de ton indépendance pourtant souhaitée. C’est finalement le prix à payer pour entamer une nouvelle période de ton parcours créatif. Tu formes de nouveau un groupe autour de toi, cependant tu t’éloignes peu à peu du collectif. L’artiste, Daniel Larrieu opère un recentrement et tu décides d’être au plus près de tes désirs tout en faisant venir à toi les projets. Tout d’abord, tu retrouves le plaisir d’être interprète à travers des expériences inédites notamment théâtrales. C’est ainsi, entre autres, qu’en 2012 tu incarnes Divine, personnage de Jean Genet, au Théâtre de l’Athénée pendant 3 semaines sous la direction de Gloria Paris. Récemment, tu es interprète pour Thomas Lebrun. Chorégraphe, tu le demeures et tu privilégies l’amitié. Tu retrouves Pascale Houbin et Dominique Boivin pour créer En piste, qui marque les 30 ans de la compagnie Astrakan. Ta dernière pièce chorégraphique date de l’an passé : Littéral, pour 6 danseurs et 60 balais.
Mais surtout, tu construis une véritable collection d’actes artistiques en symbiose avec de nombreux artistes de « tout bord ». Tu te mets dans une posture d’accueil des expériences, ce qui témoigne, une fois encore de ce besoin d’aller toujours au-delà de soi. En témoigne cette vidéo de Christian Merlhiot qui te montre au milieu de la banquise qui s’amenuise peu à peu à cause du changement climatique. Tu es traversé d’un mouvement ample sans emphase, une caresse offerte à la Nature. Acte poético-écologiste. Libre toujours, dans un rapport au monde si intense.
Daniel, ton parcours « institutionnel » est exceptionnel et artistique extra-ordinaire. Tu as déjà reçu des distinctions prestigieuses : le Prix SACD de la chorégraphie en 2004, le Bonie Bird Award en 2008. Aujourd’hui c’est l’État qui t’honore et exprime sa reconnaissance pour agir avec force pour l’art et la culture, d’une part par tes œuvres et d’autre part pour tes actions engagées en faveur du secteur chorégraphique.
Cher Daniel, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur…
Remerciements de Daniel LARRIEU
Grand merci à Catherine TSEKENIS d’avoir accepté de « m’élever » si joliment aujourd’hui au grade de chevalier de l’ordre de la Légion d’honneur. C’est une très haute récompense qui m’est remise par toi, dont le parcours personnel et professionnel remarquable a croisé souvent ce lieu, – un parcours exceptionnel qui t’amène aujourd’hui à diriger la Fondation Hermès. Tu représentes un exemple de l’engagement et de la réussite qui est passé par la danse. C’est pour toutes ces raisons que je t’ai demandé de me remettre cette récompense. Merci du temps que tu as pris à la préparation et à la rédaction de ton discours.
Merci à Marie-Thérèse Allier, de nous recevoir ce soir dans votre lieu, hautement symbolique La Ménagerie de Verre où j’ai passé 35 années de répétitions et de travail. Ce lieu, unique, qui a vu défilé toutes les compagnies de danse contemporaines, ce lieu qui poursuit son histoire aujourd’hui, à la découverte de formes et d’artistes nouveaux.
Merci au bureau de la compagnie Astrakan ! On vous promet du changement dans pas longtemps ! Victoire Dubruel à la présidence, André Tissot, trésorier, merci d’être là.
Enfin, je vous remercie toutes et tous, d’avoir accepté pour des raisons multiples d’assister à cette « élévation » peu commune, vieille de deux siècles, créée par Bonaparte, dont le courrier reçu de la Chancellerie m’assure – je cite – « d’une fierté légitime à partager avec celles et ceux qui me sont chers… »
S’élever du point de vue du danseur, c’est prendre un bon élan contre la gravité.
Pour le danseur, c’est aussi prendre, avant, de bons appuis avec la gravité.
Le jeune Louis Culafroid dans Notre-Dame-des-Fleurs le sait : en voyant une photographie « la gracieuse Ketty Rufflay » je cite Jean Genet ! « Par l’allure du mot NIJINSKY, ( la montée de l’N, la descente de la boucle du J, le saut de la boucle du K et la chute de l’Y, forme graphique d’un nom qui semble vouloir dessiner l’élan avec ses retombées et rebondissements sur le plancher du sauteur qui ne sait sur quel pied se poser, il devina la légèreté de l’artiste, comme il saura un jour que Verlaine ne peut être que le nom d’un poète musicien. »
Les enfants savent combien, s’élever est un acte à la fois physique et mental qui permet un surplomb du réel. Qui n’a jamais volé la nuit ? Ce qui manque au monde, c’est bien la poésie !
Un de mes rêves favoris et d’imaginer – alors même que je vous parle – nous puissions toutes et tous, décoller du sol, très légèrement 20 cm, puis 50 cm, pas plus d’1m au dessus du sol. En décollant de nos réalités, nous pourrions nous garantir d’une élévation commune, le sourire aux lèvres.
Merci à Laurent Vinauger, de la DGCA d’avoir glissé mon nom dans la liste des possibles auprès des plus hautes instances de la République Française, merci de ta discrétion et de ton solide soutien fidèle. Je sais que c’est toi !
À Emilie Peluchon, département du Val d’Oise, merci de m’accompagner dans l’aventure d’Astrakan au pays du 95 !
Tom Novembre a dit de mon travail en 1991 agissait comme un lubrifiant culturel !
Le travail de la danse implique la convocation du groupe, du collectif !
C’est un faire ensemble qui contribue au travail reconnu ici. Cette mise en lumière, faite autour de moi, ne peut être une affaire personnelle. Implicitement le travail du chorégraphe nécessite d’établir des relations non-hiérarchisées, des circulations horizontales, des dialogues permanents, et de rester motivé par une curiosité. Un travail horticole où il existe bien une terre, des microclimats, une écologie du travail de la danse, un artisanat d’art ou chaque moment se travaille à la main corps à corps.
Partage, écoute, inspiration, respect, transmission, originalité, intégrité, intelligence, mystère, grâce, élégance, engagement, écriture, singularité, audace, et même – humour.
Il y a ce soir des personnes qui ont participé au travail depuis le début depuis 1982 jusqu’à aujourd’hui – et même, de plus jeunes interprètes, prêts pour la relève – Je voudrais citer très particulièrement :
- Laurence Rondoni, avec qui j’ai travaillé à la mutation prochaine de la compagnie,
– Dominique Brunet avec qui nous avons commencé la numérisation du travail de la compagnie !
- Anne Laurent, Agnès Coutard et Jérôme Andrieu, pour avoir été présents dans les vagues de la réussite, mais aussi dans l’expérience, si singulière et orageuse de mon parcours qui à connu, disons le, des altitudes variés. A l’instant où d’autres auraient fuient, merci de la qualité de votre travail, de votre soutient, merci de votre engagement et pour cette fidélité en partage !
- Léa Lansade, Marie Barbottin, Marion Peuta, Yan Giraldou pour les 60 balais de la dernière création LITTÉRAL. J’en profite pour remercier Camille d’Angello du CCN de Tours, d’être là. Sans ton patron, Thomas Lebrun, pas sûr que nous aurions pu réalisé cette nouvelle production.
-Et il y a celles et ceux que vous connaissez moins, Laurent Barré, Christophe Susset, Tanguy Accart, Hélène Joly, Chloé Schmidt, Camille Barnaud, Colin Pitrat, Anne Tavernier, Garance Roggero qui ont été, et sont importants, dans la réflexion et la mise en place et la réalisation des projets, par leurs gestion administratives et financières. Clin d’œil à Zoé Collart.
Et puis les artistes, qui viennent par leurs inspirations mettre de l’eau au moulin de la création : musicale, plastique, esthétique; du costume à la lumière, de la photographie à la scénographie, qui dessinent de nouveaux espaces : Daniel Cendron, Corinne Mercadier, Jérôme Marin, Gloria Paris, Didier Despin, Frank Boulanger, Karoline Rose, Marie-Christine Soma… et bien d’autres, Dominique Boivin, Pascale Houbin.
Christophe Poux et Franck Jamin, le duo technique de choc, qui gère et ce n’est pas rien tous les aspects des tournées et qui nous accompagne. Christophe, qui bat le record de la longévité, merci à toi, d’être mon directeur technique depuis 27 années.
Carole Labédan, analyste trans-générationnelle, Jean-François Buffler, ostéopathe, Olivia Roy, spécialiste Feng shui. Ces personnes, m’accompagnent et m’aident à conserver une lumière intérieure, qui brille paisiblement ! Ces personnes magnifiques, alimentent mes petites lampes à huile, spirituelle, physique et mentale, pour que les événements de ma vie soient articulés et traversés joyeusement.
Les amies : Lauren Boyer, Leslie Perrin, François Maurisse, Clara Le Picard, Jean Marc Martinez, Stéphanie Aubin, amies de la SACD, Valérie Anne Expert, Clémence Bouzitat…
Message personnel :
Merci à la vie de nous avoir fait nous rencontrer, cher Benjamin, merci pour ta patience, ta générosité et aussi ton goût et ton talent. Merci à ta famille pour l’accueil qui m’est réservé : Monique Favrat, Alexandra Favrat d’avoir mis des ailes, pour venir à Paris, votre geste me touche infiniment. J’en profite pour accueillir tes ami’e’s: Jean-Benoit, Morgane…
Une pensée pour ma Tante Nicole Larrieu, parmi nous ce soir, qui a eue la bonne idée de nous offrir le 33 tours de Boris Vian en 1970. J’ai appris d’elle que la vie pouvait être différente !
A mes sœurs qui sont loin, mais proches en pensées ! Il me reste à remercier mes parents, une pensée pour eux !
Voilà de quoi rappeler que cette élévation est bien personnelle mais aussi collective, symboliquement attribuée, elle se partagera avec vous qui m’êtes chers.
Pour conclure
Pierre Debauches, Le grand écart ou 51 nouvelles pour la joie de vivre (RIP)
C’est un monsieur qui tombe dans un gouffre.
Il se raccroche à une petite branche fragile qui sort du rocher.
Il s’écrie : « Y a quelqu’un ? »
Aussitôt une voix de Baryton basse lui répond.
« Oui, je suis là je suis la voix de ta conscience, laisse-toi tomber.
Tu verras comme tu seras bien, je t’attends depuis si longtemps. Laisse-toi aller.
Renonce à cette petite branche dérisoire et rejoins-moi, Viens !
Et lui de dire :« Il y a quelqu’un d’autre ? »
Merci, je vous invite à partager une coupe de champagne, les bulles de l’élévation.